ASFOPP : rendre à la Sécurité privée sa plénitude
Elle a toujours été confinée au vigile qui veille sur les biens dont il a la surveillance contre un salaire de misère. Elle a toujours été affiliée au lutteur dont la force le projette au rang de garde du corps de telle ou telle personnalité.La sécurité privée est en réalité beaucoup plus large et plus composite que cela. C’est une mosaïque de compétences et dont l’aptitude au combat ne couvre pas plus de 2% . C’est pour apporter les 98% restants que Me Ndour Wade, un ancien des Forces spéciales du GIGN qui a assuré la sécurité de nombre de chefs d’état en visite au Sénégal, participé à de nombreuses missions à l’étranger sous la bannière de l’ONU et auteur de nombreuses publications et documents sur la question, autant aux Nations unies qu’au Sénégal a décidé de se lancer un défi de taille : rendre à la sécurité privée ses lettres de noblesse en lui donnant toute sa dimension.
C’est ainsi qu’est née l’ASFOPP /2 S ( Association sénégalaise des formateurs professionnels privés en sûreté et sécurité ) ,dont l’objectif est d’assainir le milieu en extirpant tous les corps étrangers ( violence, amateurisme, préjugés ou ignorance ) en formant de véritables professionnels qui à leur tour, se chargeront de former d’autres specialistes afin qu’en moyen terme, la sécurité privée soit totalement assainie et efficiente. La première promotion sortira en 2021 et c’est la seconde qui est en train de se former au Cices à partir de ce samedi. La cérémonie d’ouverture a d’ailleurs été rehaussée par la présence de la crème de la sécurité au Sénégal : des anciens de la gendarmerie et des forces spéciales au parcours et aux états de service impressionnants dont le Parrain, le colonel Aboubacar Sadikh Niang. Tous les intervenants ont été unanimes sur le parcours exceptionnel du parrain dans l’armée.
»C’est un modèle pour nous autres. On a toujours cette fierté de nous mettre aux pieds de nos mentors. On l’a suivi de loin quand on était jeune, » dira Amadou Latyr Ndour, un ancien du GIGN. Le Major Babacar Mbaye axera son intervention » sur le côté intellectuel de l’intervention. L’élément d’intervention c’est le plus intelligent, parce-que quelque chose va se passer à l’heure H, on va lui demander tout de suite la solution, alors que si c’est l’autre intellectuel, il va prendre ses papiers, lire, faire des essais pour proposer une solution une semaine plus tard. Cette approche intellectuelle de l’intervention fait que vous êtes toujours dans l’action et non dans la réaction. Chaque fois que vous aller réagir, c’est parceque à un moment, la situation vous a échappé et vous allez utiliser la force pour récupérer cette situation-là. Ça c’est la faute à éviter. Le gars que vous protégez, veut allez tranquillement et rentrer tranquillement. Il ne veut pas de problème. Préparez-vous, prenez toutes les mesures qui s’imposent pour que rien ne se passe, afin que le gars rentre chez lui sans stress. C’est ça votre rôle, c’est ce qu’on attend de vous. Au niveau de cette formation, il faudra beaucoup insister sur cette approche intellectuelle. »
Le secrétaire général de l’ASFOPP, Major Pierre a fait une présentation succincte de l’association qui a déjà son agrément et dont la charpente est constituée de différentes commissions et de bureaux placés sous l’autorité de Me Wade.
Ce fut enfin au tour du parrain de prendre la parole. Sanglé dans un djellaba aux rayures vertes et grises, la tête couverte d’un bonnet et la barbichette Blanche bien taillée, il a fait face aux étudiants.
» Je suis très fier, je suis très ému et je suis très content parceque je suis un amoureux fou de la sécurité pour avoir donné la majorité de mon temps à ce service de l’état » dit-il d’emblée. » La sécurité privée est d’une importance qui pour le moment, ne saute pas aux yeux, mais on s’en rendra compte plus tard. En effet, la sécurité d’état a d’autres urgences que celles dont elle se chargeait d’habitude. Je donnerai simplement l’exemple du terrorisme dont la lutte aimante toute l’énergie des forces de défense et de sécurité. La sécurité privée doit donc soulager l’état de certains fardeaux telles la garde rapprochée ou la sécurisation des personnes et des biens. Cette brèche dans la sécurité publique constitue d’ailleurs un marché très porteur que de nombreuses agences ont assailli. Mais c’est un milieu gangrené par des préjugés. L’idée que les gens s’en font, c’est la force. Au point qu’il suffit de savoir se battre pour croire qu’on peut être garde du corps. D’autres croient que c’est parce quils ont glané quelques ceintures en arts martiaux, qu’ils peuvent ouvrir une école de garde rapprochée. C’est dans cette conception biaisée de la sécurité privée que réside le hiatus. Votre association vient donc à son heure afin de pallier à ces insuffisances . Point n’est besoin de revenir sur les objectifs, ils ont été clairement définis et ils sont au diapason de ma passion car toute ma vie tourne autour de la sécurité dans toutes ses formes. La seule sécurité crédible qui ait jamais existé au Sénégal, c’est la sécurité d’état représentée par ce parterre d’anciens du GIGN venus vous apporter leurs encouragements et leur expérience afin que vous redoriez le blason terni de la sécurité privée. Ne vous imposez aucune limite car votre association impose le respect et la considération partout dans le monde. Vous qui avez la chance d’en faire partie, saisissez-là en pleines mains et ne vous imposez aucune limite. Celui qui ne monte pas dans ce bateau sera laissé en rade. Ce que je n’ai pas eu le temps de faire, c’est un immense plaisir de voir un autre le réaliser. En effet Me Wade est une compétence avérée qui encadre des jeunes. Il vous appartient d’être à la hauteur et surtout être les réceptacles de ces connaissances pour objectiver le triptyque Savoir, savoir-faire et savoir-être. »
C’est sur ces mots pleins de sagesse et de défis que le Parrain a souhaité bonne chance à ses protégés avant de les laisser à leurs chères études.
Serigne Mbacke Ndiaye